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Photo illustrant l'article : Débat : afficher ou ne pas afficher sa photo quand on est professionnel de santé ? On y voit au premier plan deux personne entrain de discuter dont l'une avec un appareil à photo.

Débat : afficher ou ne pas afficher sa photo quand on est professionnel de santé ?

15 juillet 2025

Il y a peu, une maison de santé pluriprofessionnelle a sollicité notre avis sur un point apparemment simple : Faut-il afficher la photo des professionnels de santé sur le site internet de la structure ?

À première vue, la question semble anodine. Et pourtant…Certains membres de l’équipe y voyaient un moyen de créer du lien avec les patients. D’autres étaient plus réservés : « Et si les patients choisissent à la tête du praticien ? », « Et si les femmes étaient systématiquement sollicitées (ou évitées) à cause de leur apparence ? »

Ces questions, légitimes, révèlent que ce débat n’est ni accessoire, ni purement esthétique.
  Il touche à des enjeux d’identité professionnelle, de confiance, d’égalité… et même de charge mentale.

1. Pourquoi cette question mérite que l’on s’y attarde

Afficher sa photo est devenu une pratique banale dans de nombreux secteurs.
  Dans le champ de la santé, c’est plus sensible et plus complexe.

Car une photo, c’est bien plus qu’un portrait.
  C’est :

  • une projection sociale : ce que les autres perçoivent de vous
  • une base de jugement (inconscient ou non) : genre, âge, origine perçue, posture
  • un support d’identification : on met un visage sur un nom
  • et parfois, un filtre dans le parcours du patient (ce qui est problématique)

2. Les arguments pour : créer du lien et rassurer

Nombreux sont les professionnels ou structures qui choisissent d’afficher une photo, notamment sur leur site, leurs supports internes ou certaines plateformes.

Voici pourquoi :

Humaniser la relation de soin
 
Une photo permet de créer un premier contact visuel, d’atténuer l’inconnu. C’est particulièrement utile pour les patients anxieux, les enfants, ou dans les structures avec beaucoup de rotation.

Faciliter l’orientation dans les équipes
 
Dans une maison de santé avec 10 ou 15 soignants, il est difficile de se souvenir des noms. Une photo permet de repérer qui est qui (notamment dans les salles d’attente ou les couloirs).

Créer un climat de confiance
 
Montrer son visage, c’est une forme de transparence. Cela peut aider à renforcer la confiance, notamment chez les patients peu familiers du système de soins.

Répondre à une attente implicite des usagers
 
Sur un site, beaucoup de patients s’attendent à voir “qui va les recevoir”. L’absence de visuel peut être perçue comme un manque d’information.

3. Les arguments contre : éviter les biais et la mise en vitrine

À l’inverse, plusieurs professionnels notamment des femmes et des jeunes praticiens préfèrent ne pas afficher leur photo, pour de bonnes raisons :

Risque de choix basé sur l’apparence
 
Dans certaines structures, les patients sélectionnent un professionnel… uniquement en fonction de la photo (et parfois, du genre). Cela fausse la logique du parcours de soins.

Crainte d’être jugé·e
 
Certains redoutent d’être évalués sur leur apparence, leur âge ou leur origine perçue, avant même toute prise de contact. Cela peut renforcer des inégalités invisibles.

Sentiment d’exposition excessive
 
Une photo visible en ligne, sans contrôle sur sa diffusion, peut donner l’impression d’une “mise en vitrine”. Ce malaise est renforcé par l’absence de réciprocité : le patient, lui, reste anonyme.

Biais inconscients ou discriminations
 
Des études montrent que les visages peuvent activer des stéréotypes inconscients chez les usagers. Afficher son image, c’est parfois s’exposer à des représentations culturelles ou genrées très difficiles à déconstruire.

4. Comment décider ? Et à quel niveau ?

Il est important de rappeler que ce n’est pas une obligation. Aucun texte n’impose l’affichage de la photo d’un praticien.

Mais ce n’est pas non plus un choix personnel isolé : dans une structure de santé, cela devrait faire l’objet d’une discussion collective, posée et respectueuse de chacun.

Voici quelques bonnes pratiques pour orienter la décision :

Prendre une décision d’équipe

Chaque professionnel peut faire ce choix pour lui-même, mais il est utile de poser un cadre collectif clair :
  – Photos sur les pages individuelles autorisées ?
  – Uniquement en groupe ?
  – Pas de photos du tout ?
  Ce cadre protège chaque membre, et évite que les plus exposés (souvent les femmes ou jeunes pros) portent seuls la charge du débat.

Expliquer le choix fait

Quelle que soit la décision, il est utile d’expliquer ce choix aux usagers :
  – “Par souci d’équité et de non-discrimination, nous n’affichons pas les photos individuelles.”
  – “Vous trouverez ici une présentation collective de l’équipe.”
  – “Le choix de votre praticien se fait sur la base de ses compétences, non de son image.”

5. Alternatives et solutions intermédiaires

Photo d’équipe (sans noms individuels)
 Avatar symbolique pour les pages individuelles
 Photo du lieu d’exercice ou d’un objet de travail (ex : stéthoscope, salle de consultation)
 Présentation textuelle soignée, avec ton humain et clair
 Signature visuelle sobre, si souhaitée, en interne ou sur les flyers

FAQ – Les questions des professionnels de santé

Est-ce obligatoire d’afficher une photo ?

Non. C’est facultatif. Aucune obligation légale ou déontologique.

Est-ce vrai que certains patients choisissent “à la tête” du praticien ?

Oui, cela arrive parfois inconsciemment. D’où l’importance de cadrer ce que l’on rend visible, et de ne pas transformer l’image en critère de choix.

Peut-on afficher une photo sans tomber dans la promotion ?

Oui, si la photo est sobre, cohérente, et intégrée dans une démarche informative. L’intention fait toute la différence.

Conclusion


Il n’y pas de bonne ou de mauvaise réponse, la réponse dépend du contexte, du public, de la structure, et du ressenti de l’équipe.

Ce qui compte, c’est :
  d’avoir une réflexion collective
 
de respecter les sensibilités de chacun
  et de penser avant tout à la clarté, à l’équité et à la qualité de la relation de soin

Envie d’agir ? Voici 3 pistes simples :

  1. Mener une discussion d’équipe sur ce sujet, en intégrant toutes les voix (sans pression implicite)
  2. Vérifier ce qui est affiché aujourd’hui (site, flyers, Doctolib, etc.) et s’assurer de la cohérence
  3. Rédiger une ligne directrice commune, même souple, sur l’image dans la communication

Adrien BEQUIGNON

Avec plus de dix ans d’expérience en stratégie de communication globale, et une expertise pointue dans le digital, Adrien accompagne régulièrement les structures et professionnels des secteurs médical, social et médico-social avec une approche fonctionnelle et engagée.

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